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Imaginaires présents, numérique à venir :
impensés et idéologies
Appel à communication pour la journée
d’étude du mardi 28 mai 2019
Organisée par le CIEREC, Université Jean Monnet, en partenariat avec le CyDRe, École Supérieure d'Art et Design de Saint-Étienne et le Random(Lab), Unité de Recherche numérique Art et Design ESAD Saint-Étienne / ENSBA Lyon. En partenariat avec alt.516, association des doctorants et doctorantes stéphanois et stéphanoises Arts, Lettres, Langues.
La notion de « numérique » s'est imposée ces trente dernières années dans la sphère publique comme le lieu commun permettant d'évoquer à la fois les techniques de communication, le Web et les outils informatiques. Désormais intégrée au champ du design et des productions esthétiques, cette notion reste cependant ambiguë : l'infrastructure opaque des réseaux, l'incommensurabilité du nombre d'informations échangées, mais aussi la multiplicité des agents économiques et des utilisateurs qui la composent et l'administrent rendent l'exercice de représentation du « numérique » complexe. Tout en désignant un ensemble d'objets, le « numérique » contient une part d'imaginaire connue, exploitée, mais aussi tributaire d'un certain impensé.
La notion de « numérique » s'est imposée ces trente dernières années dans la sphère publique comme le lieu commun permettant d'évoquer à la fois les techniques de communication, le Web et les outils informatiques. Désormais intégrée au champ du design et des productions esthétiques, cette notion reste cependant ambiguë : l'infrastructure opaque des réseaux, l'incommensurabilité du nombre d'informations échangées, mais aussi la multiplicité des agents économiques et des utilisateurs qui la composent et l'administrent rendent l'exercice de représentation du « numérique » complexe. Tout en désignant un ensemble d'objets, le « numérique » contient une part d'imaginaire connue, exploitée, mais aussi tributaire d'un certain impensé.
Catégorie(s) : Appel à projet
Publié le : 29 Oct 2018
Publié le : 29 Oct 2018
Cette part d'imaginaire du « numérique », faite de mythes, de fantasmes, de discours, se matérialise et devient sensible dans des représentations gravitant autour des productions techniques qui transforment nos perceptions et notre conception du réel. Elle fonde donc des récits fabriqués, consciemment ou inconsciemment, qui façonnent des partis pris esthétiques, des habitudes et des interactions sociales. À la lumière de l'économie de marché numérique et de la critique de son idéologie, la notion d'« imaginaire » se révèle aussi comme opérant, sous de multiples formes, un recouvrement de la réalité des rapports réels de production. Pour certains analystes, elle devient un outil d'aveuglement qui participe à l'idéologie qu'elle construit. Considérée comme une notion floue dépourvue de rhétorique, elle ne semble pas moins donner un prétexte à l'économie numérique pour se soustraire à ses « épreuves de justifications politiques et éthiques » (Robert).
De prime abord, l'imaginaire que suscite l'informatique au milieu du XXe siècle semble peu compatible avec l'idée de sphère publique : le dispositif informatique est à l'époque perçu comme un instrument d'oppression des individus, produit dans un cadre technique bureaucratique isolé et insensible (Turner). Un imaginaire « numérique » compatible avec la sphère publique commence néanmoins à se diffuser lors de l'investissement des États occidentaux dans la recherche cybernétique au cours de la Seconde Guerre Mondiale, et continue de se développer de la Guerre Froide à nos jours. La sphère publique, simultanément processus et espace (Fuchs), constituée de l'ensemble des interactions d'individus réunis autour d'enjeux d'intérêt commun, est utilisée comme caisse de résonnance de l'imaginaire « numérique ». Connectant la culture, l'économie et le politique, cette sphère publique, à l'instar de la « société civile » hégélienne, émerge de la simple organisation sociale, lorsque des individus agissent politiquement en commun pour favoriser leur existence dans un milieu, ce dernier se présentant de plus en plus comme infusé par le « numérique ».
L'idée de « système informatique » devient ainsi socialement acceptable dès la fin des années 1940 avec l'émergence de la cybernétique, promue par le mathématicien Norbert Wiener. Cette nouvelle discipline se développe en effet dans un contexte institutionnel singulier, où des chercheurs de cultures différentes travaillent en réseaux par le biais d'outils collaboratifs. La métaphore sociotechnique computationnelle (l'idée que l'humain est en partie une machine, accompagnée d'une vision de l'informatique comme écosystème naturel) et la philosophie technologique qui nourrit la cybernétique préparent le terreau idéologique et autorisent trente ans plus tard l'occupation de la sphère publique par l'économie de la micro-informatique. L'imaginaire glisse ainsi progressivement de l'idée d'une informatique à la solde d'un État militarisé vers celle d'une force sociale à construire par l'informatique en réseau (Turner).
Plus tardivement, dans les années 1970, des pratiques de communication industrielle et artistique hétérogènes modélisent l'informatique comme un outil de libération des individus, simultanément au développement du marché de la micro-informatique. Des utopies nourries par l'idée de sphère publique, concrétisées entre autres par les pratiques du logiciel libre, sont encore revisitées de nos jours, notamment à travers le développement libéral-libertaire du marché des plateformes collaboratives.
Dans les années 2000, le monopole des industriels numérique sur le développement de la sphère publique devient idéologiquement et techniquement stable : le marché de l'innovation informatique se concentre sur le développement d'outils spécifiquement dédiés à l'idée même de sphère publique, les réseaux sociaux. Accessibles « gratuitement » par les utilisateurs, ils se trouvent économiquement de plus en plus rentables grâce à la monétisation des contenus et des données personnelles produits par ces derniers. Pourtant, la financiarisation de la sphère publique à travers les réseaux sociaux et leurs dérivés ne semble possible que du fait de l'intervention de fictions idéologiques dans la classe dominante (Tort).
Les effets de transparence de l'imaginaire « numérique » doivent donc être questionnés. Suite à ces considérations socio-historiques, quelle place laisse réellement ce « numérique à venir », qui prend racine dans les stratégies militaroindustrielles, à la sphère publique ? Quel regard portent sur l'interaction de ces deux mondes le design, la communication graphique, mais aussi les oeuvres d'art qui contribuent à construire les imaginaires de cette sphère publique, tout en étant eux-mêmes innervés par les imaginaires industriels ? Nourrie par les regards croisés de théoriciens issus de différentes disciplines, cette journée d'étude se donne pour tâche d'interroger les discours, représentations et productions esthétiques liées à la place de la sphère publique dans le « numérique à venir », en prêtant une attention particulière aux impensés et idéologies qui entourent leur rencontre. L'enjeu réside ainsi dans le fait de penser la sphère publique dans sa matérialité (Fuchs), que les techniques et technologies de communication transforment et travaillent.
Cette journée d'étude fait suite à une première journée de recherche, « Représentations et devenir du sujet dans le " numérique " », tenue le 7 mars 2018 à l'École Supérieure d'Art et Design de Saint-Étienne, où le concept de sujet était interrogé à la lumière de la notion de « numérique ».
De prime abord, l'imaginaire que suscite l'informatique au milieu du XXe siècle semble peu compatible avec l'idée de sphère publique : le dispositif informatique est à l'époque perçu comme un instrument d'oppression des individus, produit dans un cadre technique bureaucratique isolé et insensible (Turner). Un imaginaire « numérique » compatible avec la sphère publique commence néanmoins à se diffuser lors de l'investissement des États occidentaux dans la recherche cybernétique au cours de la Seconde Guerre Mondiale, et continue de se développer de la Guerre Froide à nos jours. La sphère publique, simultanément processus et espace (Fuchs), constituée de l'ensemble des interactions d'individus réunis autour d'enjeux d'intérêt commun, est utilisée comme caisse de résonnance de l'imaginaire « numérique ». Connectant la culture, l'économie et le politique, cette sphère publique, à l'instar de la « société civile » hégélienne, émerge de la simple organisation sociale, lorsque des individus agissent politiquement en commun pour favoriser leur existence dans un milieu, ce dernier se présentant de plus en plus comme infusé par le « numérique ».
L'idée de « système informatique » devient ainsi socialement acceptable dès la fin des années 1940 avec l'émergence de la cybernétique, promue par le mathématicien Norbert Wiener. Cette nouvelle discipline se développe en effet dans un contexte institutionnel singulier, où des chercheurs de cultures différentes travaillent en réseaux par le biais d'outils collaboratifs. La métaphore sociotechnique computationnelle (l'idée que l'humain est en partie une machine, accompagnée d'une vision de l'informatique comme écosystème naturel) et la philosophie technologique qui nourrit la cybernétique préparent le terreau idéologique et autorisent trente ans plus tard l'occupation de la sphère publique par l'économie de la micro-informatique. L'imaginaire glisse ainsi progressivement de l'idée d'une informatique à la solde d'un État militarisé vers celle d'une force sociale à construire par l'informatique en réseau (Turner).
Plus tardivement, dans les années 1970, des pratiques de communication industrielle et artistique hétérogènes modélisent l'informatique comme un outil de libération des individus, simultanément au développement du marché de la micro-informatique. Des utopies nourries par l'idée de sphère publique, concrétisées entre autres par les pratiques du logiciel libre, sont encore revisitées de nos jours, notamment à travers le développement libéral-libertaire du marché des plateformes collaboratives.
Dans les années 2000, le monopole des industriels numérique sur le développement de la sphère publique devient idéologiquement et techniquement stable : le marché de l'innovation informatique se concentre sur le développement d'outils spécifiquement dédiés à l'idée même de sphère publique, les réseaux sociaux. Accessibles « gratuitement » par les utilisateurs, ils se trouvent économiquement de plus en plus rentables grâce à la monétisation des contenus et des données personnelles produits par ces derniers. Pourtant, la financiarisation de la sphère publique à travers les réseaux sociaux et leurs dérivés ne semble possible que du fait de l'intervention de fictions idéologiques dans la classe dominante (Tort).
Les effets de transparence de l'imaginaire « numérique » doivent donc être questionnés. Suite à ces considérations socio-historiques, quelle place laisse réellement ce « numérique à venir », qui prend racine dans les stratégies militaroindustrielles, à la sphère publique ? Quel regard portent sur l'interaction de ces deux mondes le design, la communication graphique, mais aussi les oeuvres d'art qui contribuent à construire les imaginaires de cette sphère publique, tout en étant eux-mêmes innervés par les imaginaires industriels ? Nourrie par les regards croisés de théoriciens issus de différentes disciplines, cette journée d'étude se donne pour tâche d'interroger les discours, représentations et productions esthétiques liées à la place de la sphère publique dans le « numérique à venir », en prêtant une attention particulière aux impensés et idéologies qui entourent leur rencontre. L'enjeu réside ainsi dans le fait de penser la sphère publique dans sa matérialité (Fuchs), que les techniques et technologies de communication transforment et travaillent.
Cette journée d'étude fait suite à une première journée de recherche, « Représentations et devenir du sujet dans le " numérique " », tenue le 7 mars 2018 à l'École Supérieure d'Art et Design de Saint-Étienne, où le concept de sujet était interrogé à la lumière de la notion de « numérique ».
AXES THÉMATIQUES
(liste non restrictive) - représentation de la solidarité en réseau;- design et hiérarchie des plateformes sociales ou collaboratives ;
- ambitions technologiques et réalités techniques des réseaux sociaux ;
- société du spectacle et sphère publique numérique ;
- imaginaires des plateformes collaboratives ;
- « gratuité » et sphère publique numérique ;
- art, esthétique et réseaux sociaux ;
- imaginaire cybernétique et sphère publique ;
- intériorisation des normes du marché numérique ;
- sphère publique numérique vs service et bien public ;
- idéologies du « smart » ;
- perceptions et observations de la sphère publique numérique ;
- représentations des sociabilisations, des désociabilisations dans le numérique ;
- fétichisme de la marchandise et sphère publique numérique ;
- les nouveaux marchés numériques de la sphère publique.
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
- BARLOW, John Perry, « A Declaration of the Independence of Cyberspace » [en ligne], 1996, URL : <https://projects.eff.org/barlow/Declaration-Final.html>.
- BROCA, Sébastien, Utopie du logiciel libre. Du bricolage informatique à la réinvention sociale, Le Passager clandestin, 2013.
- CUSSET, François, LABICA, Thierry, RAULINE, Véronique, Imaginaires du néolibéralisme, Paris, La Dispute, 2016.
- CLOUSCARD, Michel, Le Capitalisme de la séduction. Critique de la social-démocratie libertaire, Paris, Éditions sociales, 1981, Réédition Delga, 2006.
- DEBORD, Guy, La société du spectacle [1967], Paris, Gallimard, 1996.
- DYER-WITHEFORD, Nick, Cyber-Marx : cycles and circuits of struggle in high
technology capitalism, Champaign, USA, University of Illinois Press, 1999.
- DYER-WITHEFORD, Nick, Cyberproletariat, Toronto, Canada, PlutoPress, 2015.
- FEENBERG, Andrew, (Re)penser la technique. Vers une technologie démocratique, Paris, La Découverte / M.A.U.S.S., 2004.
- FUCHS, Christian, Reading Marx in the Information Age: A Media and Communication Studies Perspective on Capital, Volume 1, Londres, Royaume-Uni, Routledge, 2016.
- FUCHS, Christian, Social Media. A Critical Introduction, Londres, Royaume-Uni, SAGE, 2014.
- GROYS, Boris, Going Public, Berlin, Allemagne, Sternberg Press, 2010.
- HABERMAS, Jürgen, L'Espace public. Archéologie de la publicité comme imension constitutive de la société bourgeoise, Paris, Payot, 1978.
- HABERMAS, Jürgen, « " L'espace public ", 30 ans après », Quaderni, no18, 1992, p. 161-191.
- JAMESON, Fredric, Le Postmodernisme ou la logique du capitalisme tardif [1991],
traduction par Florence Nevoltry, Paris, Beaux-Arts de Paris, 2011.
- LAKEL, Amar, MASSIT-FOLLEA, Françoise, ROBERT, Pascal, Imaginaires des TIC(S), Actes de la journée d'étude du 31 mars 2008, vox Internet II, Paris, MSH, coll. PraTics, 2008.
- MUSSO, Pierre (dir.), Imaginaire, industrie et innovation, Actes du colloque de Cerisy, Paris, Manucius, coll. Modélisations des imaginaires, 2016.
- ROBERT, Pascal (dir.), L'impensé numérique, Tome 1, Des années 1980 aux réseaux sociaux, Paris, Éditions des Archives contemporaines, 2016.
- STEYERL, Hito, Duty Free Art, Royaume-Uni, Londres, Verso, 2017.
- TORT, Patrick, Marx et le problème de l'idéologie, Paris, l'Harmattan, coll. Logiques sociales, 2006.
- TORT, Patrick, Qu'est-ce que le matérialisme ? Introduction à l'Analyse des complexes discursifs, Paris, Belin, 2016.
- TURNER, Fred, Aux sources de l'utopie numérique. De la contre-culture à la cyberculture, Steward Brand, un homme d'influence, Paris, C&F Éditions, 2012.
- WIENER, Norbert, Cybernetics: Or Control and Communication in the Animal and the Machine, Paris, Hermann & Cie / Camb. Mass., MIT Press, 1948.
- ŽIŽEK, Slavoj, The Plague of Fantaisies, Royaume-Uni, Londres, Verso, 1995.
CALENDRIER
- Réponse du comité : 15 février 2019 ;
- Journée d'étude : mardi 28 mai 2019.
SOUMISSION
COMITÉ D'ORGANISATION
Lorène CecconCOMITÉ SCIENTIFIQUE
Olaf Avenati (ESAD Reims) ;Damien Baïs (ESADSE, Random(Lab)) ;
Lorène Ceccon (UJM, CIEREC, ESADSE, CyDRe) ;
Pierre-Antoine Chardel (IMT, LASCO IdeaLab, CNRS / EHESS, IIAC, UMR 8177) ;
Vincent Ciciliato (UJM, CIEREC) ;
Dominique Cunin (ESAD Grenoble-Valence) ;
Éric Guichard (ENSSIB, ENS, Réseaux, Savoirs & Territoires) ;
Danièle Méaux (UJM, CIEREC) ;
Marc Monjou (ESADSE, CyDRe) ;
David-Olivier Lartigaud (ESADSE, Random(Lab)) ;
Carole Nosella (UJM, CIEREC) ;
Clément Paradis (UJM, CIEREC) ;
Anolga Rodionoff (UJM, CIEREC).
Journée d'étude organisée par le CIEREC, Université Jean Monnet, en partenariat avec le CyDRe, École Supérieure d'Art et Design de Saint-Étienne et le Random(Lab), Unité de Recherche numérique Art et Design ESAD Saint-Étienne/ENSBA Lyon. En partenariat avec alt.516, association des doctorants.es stéphanois.es Arts, Lettres, Langues.
Imaginaires présents, numérique à venir :
impensés et idéologies
Appel à communication pour la journée
d’étude du mardi 28 mai 2019
Organisée par le CIEREC, Université Jean Monnet, en partenariat avec le CyDRe, École Supérieure d'Art et Design de Saint-Étienne et le Random(Lab), Unité de Recherche numérique Art et Design ESAD Saint-Étienne / ENSBA Lyon. En partenariat avec alt.516, association des doctorants et doctorantes stéphanois et stéphanoises Arts, Lettres, Langues.
La notion de « numérique » s'est imposée ces trente dernières années dans la sphère publique comme le lieu commun permettant d'évoquer à la fois les techniques de communication, le Web et les outils informatiques. Désormais intégrée au champ du design et des productions esthétiques, cette notion reste cependant ambiguë : l'infrastructure opaque des réseaux, l'incommensurabilité du nombre d'informations échangées, mais aussi la multiplicité des agents économiques et des utilisateurs qui la composent et l'administrent rendent l'exercice de représentation du « numérique » complexe. Tout en désignant un ensemble d'objets, le « numérique » contient une part d'imaginaire connue, exploitée, mais aussi tributaire d'un certain impensé.
La notion de « numérique » s'est imposée ces trente dernières années dans la sphère publique comme le lieu commun permettant d'évoquer à la fois les techniques de communication, le Web et les outils informatiques. Désormais intégrée au champ du design et des productions esthétiques, cette notion reste cependant ambiguë : l'infrastructure opaque des réseaux, l'incommensurabilité du nombre d'informations échangées, mais aussi la multiplicité des agents économiques et des utilisateurs qui la composent et l'administrent rendent l'exercice de représentation du « numérique » complexe. Tout en désignant un ensemble d'objets, le « numérique » contient une part d'imaginaire connue, exploitée, mais aussi tributaire d'un certain impensé.
Catégorie(s) : Appel à projet
Publié le : 29 Oct 2018
Publié le : 29 Oct 2018
Cette part d'imaginaire du « numérique », faite de mythes, de fantasmes, de discours, se matérialise et devient sensible dans des représentations gravitant autour des productions techniques qui transforment nos perceptions et notre conception du réel. Elle fonde donc des récits fabriqués, consciemment ou inconsciemment, qui façonnent des partis pris esthétiques, des habitudes et des interactions sociales. À la lumière de l'économie de marché numérique et de la critique de son idéologie, la notion d'« imaginaire » se révèle aussi comme opérant, sous de multiples formes, un recouvrement de la réalité des rapports réels de production. Pour certains analystes, elle devient un outil d'aveuglement qui participe à l'idéologie qu'elle construit. Considérée comme une notion floue dépourvue de rhétorique, elle ne semble pas moins donner un prétexte à l'économie numérique pour se soustraire à ses « épreuves de justifications politiques et éthiques » (Robert).
De prime abord, l'imaginaire que suscite l'informatique au milieu du XXe siècle semble peu compatible avec l'idée de sphère publique : le dispositif informatique est à l'époque perçu comme un instrument d'oppression des individus, produit dans un cadre technique bureaucratique isolé et insensible (Turner). Un imaginaire « numérique » compatible avec la sphère publique commence néanmoins à se diffuser lors de l'investissement des États occidentaux dans la recherche cybernétique au cours de la Seconde Guerre Mondiale, et continue de se développer de la Guerre Froide à nos jours. La sphère publique, simultanément processus et espace (Fuchs), constituée de l'ensemble des interactions d'individus réunis autour d'enjeux d'intérêt commun, est utilisée comme caisse de résonnance de l'imaginaire « numérique ». Connectant la culture, l'économie et le politique, cette sphère publique, à l'instar de la « société civile » hégélienne, émerge de la simple organisation sociale, lorsque des individus agissent politiquement en commun pour favoriser leur existence dans un milieu, ce dernier se présentant de plus en plus comme infusé par le « numérique ».
L'idée de « système informatique » devient ainsi socialement acceptable dès la fin des années 1940 avec l'émergence de la cybernétique, promue par le mathématicien Norbert Wiener. Cette nouvelle discipline se développe en effet dans un contexte institutionnel singulier, où des chercheurs de cultures différentes travaillent en réseaux par le biais d'outils collaboratifs. La métaphore sociotechnique computationnelle (l'idée que l'humain est en partie une machine, accompagnée d'une vision de l'informatique comme écosystème naturel) et la philosophie technologique qui nourrit la cybernétique préparent le terreau idéologique et autorisent trente ans plus tard l'occupation de la sphère publique par l'économie de la micro-informatique. L'imaginaire glisse ainsi progressivement de l'idée d'une informatique à la solde d'un État militarisé vers celle d'une force sociale à construire par l'informatique en réseau (Turner).
Plus tardivement, dans les années 1970, des pratiques de communication industrielle et artistique hétérogènes modélisent l'informatique comme un outil de libération des individus, simultanément au développement du marché de la micro-informatique. Des utopies nourries par l'idée de sphère publique, concrétisées entre autres par les pratiques du logiciel libre, sont encore revisitées de nos jours, notamment à travers le développement libéral-libertaire du marché des plateformes collaboratives.
Dans les années 2000, le monopole des industriels numérique sur le développement de la sphère publique devient idéologiquement et techniquement stable : le marché de l'innovation informatique se concentre sur le développement d'outils spécifiquement dédiés à l'idée même de sphère publique, les réseaux sociaux. Accessibles « gratuitement » par les utilisateurs, ils se trouvent économiquement de plus en plus rentables grâce à la monétisation des contenus et des données personnelles produits par ces derniers. Pourtant, la financiarisation de la sphère publique à travers les réseaux sociaux et leurs dérivés ne semble possible que du fait de l'intervention de fictions idéologiques dans la classe dominante (Tort).
Les effets de transparence de l'imaginaire « numérique » doivent donc être questionnés. Suite à ces considérations socio-historiques, quelle place laisse réellement ce « numérique à venir », qui prend racine dans les stratégies militaroindustrielles, à la sphère publique ? Quel regard portent sur l'interaction de ces deux mondes le design, la communication graphique, mais aussi les oeuvres d'art qui contribuent à construire les imaginaires de cette sphère publique, tout en étant eux-mêmes innervés par les imaginaires industriels ? Nourrie par les regards croisés de théoriciens issus de différentes disciplines, cette journée d'étude se donne pour tâche d'interroger les discours, représentations et productions esthétiques liées à la place de la sphère publique dans le « numérique à venir », en prêtant une attention particulière aux impensés et idéologies qui entourent leur rencontre. L'enjeu réside ainsi dans le fait de penser la sphère publique dans sa matérialité (Fuchs), que les techniques et technologies de communication transforment et travaillent.
Cette journée d'étude fait suite à une première journée de recherche, « Représentations et devenir du sujet dans le " numérique " », tenue le 7 mars 2018 à l'École Supérieure d'Art et Design de Saint-Étienne, où le concept de sujet était interrogé à la lumière de la notion de « numérique ».
De prime abord, l'imaginaire que suscite l'informatique au milieu du XXe siècle semble peu compatible avec l'idée de sphère publique : le dispositif informatique est à l'époque perçu comme un instrument d'oppression des individus, produit dans un cadre technique bureaucratique isolé et insensible (Turner). Un imaginaire « numérique » compatible avec la sphère publique commence néanmoins à se diffuser lors de l'investissement des États occidentaux dans la recherche cybernétique au cours de la Seconde Guerre Mondiale, et continue de se développer de la Guerre Froide à nos jours. La sphère publique, simultanément processus et espace (Fuchs), constituée de l'ensemble des interactions d'individus réunis autour d'enjeux d'intérêt commun, est utilisée comme caisse de résonnance de l'imaginaire « numérique ». Connectant la culture, l'économie et le politique, cette sphère publique, à l'instar de la « société civile » hégélienne, émerge de la simple organisation sociale, lorsque des individus agissent politiquement en commun pour favoriser leur existence dans un milieu, ce dernier se présentant de plus en plus comme infusé par le « numérique ».
L'idée de « système informatique » devient ainsi socialement acceptable dès la fin des années 1940 avec l'émergence de la cybernétique, promue par le mathématicien Norbert Wiener. Cette nouvelle discipline se développe en effet dans un contexte institutionnel singulier, où des chercheurs de cultures différentes travaillent en réseaux par le biais d'outils collaboratifs. La métaphore sociotechnique computationnelle (l'idée que l'humain est en partie une machine, accompagnée d'une vision de l'informatique comme écosystème naturel) et la philosophie technologique qui nourrit la cybernétique préparent le terreau idéologique et autorisent trente ans plus tard l'occupation de la sphère publique par l'économie de la micro-informatique. L'imaginaire glisse ainsi progressivement de l'idée d'une informatique à la solde d'un État militarisé vers celle d'une force sociale à construire par l'informatique en réseau (Turner).
Plus tardivement, dans les années 1970, des pratiques de communication industrielle et artistique hétérogènes modélisent l'informatique comme un outil de libération des individus, simultanément au développement du marché de la micro-informatique. Des utopies nourries par l'idée de sphère publique, concrétisées entre autres par les pratiques du logiciel libre, sont encore revisitées de nos jours, notamment à travers le développement libéral-libertaire du marché des plateformes collaboratives.
Dans les années 2000, le monopole des industriels numérique sur le développement de la sphère publique devient idéologiquement et techniquement stable : le marché de l'innovation informatique se concentre sur le développement d'outils spécifiquement dédiés à l'idée même de sphère publique, les réseaux sociaux. Accessibles « gratuitement » par les utilisateurs, ils se trouvent économiquement de plus en plus rentables grâce à la monétisation des contenus et des données personnelles produits par ces derniers. Pourtant, la financiarisation de la sphère publique à travers les réseaux sociaux et leurs dérivés ne semble possible que du fait de l'intervention de fictions idéologiques dans la classe dominante (Tort).
Les effets de transparence de l'imaginaire « numérique » doivent donc être questionnés. Suite à ces considérations socio-historiques, quelle place laisse réellement ce « numérique à venir », qui prend racine dans les stratégies militaroindustrielles, à la sphère publique ? Quel regard portent sur l'interaction de ces deux mondes le design, la communication graphique, mais aussi les oeuvres d'art qui contribuent à construire les imaginaires de cette sphère publique, tout en étant eux-mêmes innervés par les imaginaires industriels ? Nourrie par les regards croisés de théoriciens issus de différentes disciplines, cette journée d'étude se donne pour tâche d'interroger les discours, représentations et productions esthétiques liées à la place de la sphère publique dans le « numérique à venir », en prêtant une attention particulière aux impensés et idéologies qui entourent leur rencontre. L'enjeu réside ainsi dans le fait de penser la sphère publique dans sa matérialité (Fuchs), que les techniques et technologies de communication transforment et travaillent.
Cette journée d'étude fait suite à une première journée de recherche, « Représentations et devenir du sujet dans le " numérique " », tenue le 7 mars 2018 à l'École Supérieure d'Art et Design de Saint-Étienne, où le concept de sujet était interrogé à la lumière de la notion de « numérique ».
AXES THÉMATIQUES
(liste non restrictive) - représentation de la solidarité en réseau;- design et hiérarchie des plateformes sociales ou collaboratives ;
- ambitions technologiques et réalités techniques des réseaux sociaux ;
- société du spectacle et sphère publique numérique ;
- imaginaires des plateformes collaboratives ;
- « gratuité » et sphère publique numérique ;
- art, esthétique et réseaux sociaux ;
- imaginaire cybernétique et sphère publique ;
- intériorisation des normes du marché numérique ;
- sphère publique numérique vs service et bien public ;
- idéologies du « smart » ;
- perceptions et observations de la sphère publique numérique ;
- représentations des sociabilisations, des désociabilisations dans le numérique ;
- fétichisme de la marchandise et sphère publique numérique ;
- les nouveaux marchés numériques de la sphère publique.
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
- BARLOW, John Perry, « A Declaration of the Independence of Cyberspace » [en ligne], 1996, URL : <https://projects.eff.org/barlow/Declaration-Final.html>.
- BROCA, Sébastien, Utopie du logiciel libre. Du bricolage informatique à la réinvention sociale, Le Passager clandestin, 2013.
- CUSSET, François, LABICA, Thierry, RAULINE, Véronique, Imaginaires du néolibéralisme, Paris, La Dispute, 2016.
- CLOUSCARD, Michel, Le Capitalisme de la séduction. Critique de la social-démocratie libertaire, Paris, Éditions sociales, 1981, Réédition Delga, 2006.
- DEBORD, Guy, La société du spectacle [1967], Paris, Gallimard, 1996.
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CALENDRIER
- Réponse du comité : 15 février 2019 ;
- Journée d'étude : mardi 28 mai 2019.
SOUMISSION
COMITÉ D'ORGANISATION
Lorène CecconCOMITÉ SCIENTIFIQUE
Olaf Avenati (ESAD Reims) ;Damien Baïs (ESADSE, Random(Lab)) ;
Lorène Ceccon (UJM, CIEREC, ESADSE, CyDRe) ;
Pierre-Antoine Chardel (IMT, LASCO IdeaLab, CNRS / EHESS, IIAC, UMR 8177) ;
Vincent Ciciliato (UJM, CIEREC) ;
Dominique Cunin (ESAD Grenoble-Valence) ;
Éric Guichard (ENSSIB, ENS, Réseaux, Savoirs & Territoires) ;
Danièle Méaux (UJM, CIEREC) ;
Marc Monjou (ESADSE, CyDRe) ;
David-Olivier Lartigaud (ESADSE, Random(Lab)) ;
Carole Nosella (UJM, CIEREC) ;
Clément Paradis (UJM, CIEREC) ;
Anolga Rodionoff (UJM, CIEREC).
Journée d'étude organisée par le CIEREC, Université Jean Monnet, en partenariat avec le CyDRe, École Supérieure d'Art et Design de Saint-Étienne et le Random(Lab), Unité de Recherche numérique Art et Design ESAD Saint-Étienne/ENSBA Lyon. En partenariat avec alt.516, association des doctorants.es stéphanois.es Arts, Lettres, Langues.

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